jeudi 31 décembre 2009

Bonne fin d'année

Voilà le dernier message de 2009.

Et aussi le 100ème message du blog :)
(50 articles en 2008, 50 en 2009, ça fait un peu tyranno-maniaco-obsédée de l'ordre tout ça^^ disons que c'est bien tombé :))


A Moscou, ça va être la super fiesta ce soir, des semaines que tout le monde prépare la fête.

Moi je ne prépare pas grand chose. Je me prépare à une soirée pantoufles-carbonara avec Yzabel-la-québécoise, pour célébrer sa dernière soirée à l'obshegitie. A minuit on ira trinquer avec la babouchka qui garde l'entrée et écouter les voeux du président à la télé :)
(ouai, comme en France quoi^^)

Ces derniers jours, j'ai profité du calme ambiant (ou disons plutôt du fait que presque tous mes élèves se soient sauvés loin de leurs bouquins de français) pour m'instruire un peu. Ma dernière lecture : "400 ans de police secrète russe" et articles Wikipedia associés.

La biographie d'Ivan le Terrible est sympa, extrait :
"C'est dans cette ambiance de haine et de mort qu'Ivan passa son enfance, dans la crainte perpétuelle d'être assassiné. Ses loisirs se partagent entre les tortures d'animaux, la chasse, la maltraitance des villages alentours"(avouez qu'il a l'air sympa ;))

J'ai aussi visité le musée Maïakovski. Un super musée : aucune explication (pas de blabla), mais si vous interrogez la babouchka qui veille à ce qu'on casse rien, elle vous expliquera TOUT. Elles connaissent tous les recoins du musée, tous les détails, et toutes les anecdotes de la vie de ce pauvre monsieur^^ Bon, sinon il y a aussi des visites guidées payantes...


(ceci est un taureau. Si, si)

Le Nouvel An, c'est aussi là qu'on se donne des cadeaux (puisqu'on a pas encore eu Noël hein). Mes clients les plus riches m'ont offert du chocolat italien (j'aurais préféré une prime de Noël mais bon...), mes amis les moins riches m'ont offert "toute leur reconnaissance et leur amitié" (et des chocolats Carrefour^^). Et холодильник ("frigo"), le sac de Valeria :)

Là-dessus, à l'année prochaine ! :)

lundi 28 décembre 2009

Noël sans Noël

Déjà, laissez-moi m'excuser du retard, mais *Joyeux Noël à tous*.
J'aurais pu faire un super article intitulé "Noël à la russe" ou un truc comme ça.
J'aurais pu. Si seulement j'avais eu quelque chose d'intéressant à raconter.

En Russie, ils font pas Noël. Du moins pas le 25 décembre.
Le 25 décembre, ils vont au boulot, à l'université, ils ont des examens, ils prennent le métro en masse ou ils passent des heures dans les bouchons, ils vont chez le dentiste et les babouchkas continuent de vendre du chou mariné et des chaussettes sur le trottoir. Un jour normal en somme.

Alors pour moi aussi ça a été un jour normal. Je suis allée à l'université, au travail, au supermarché, j'ai pris le métro bondé à l'heure de pointe, et le soir, j'ai mangé du chou et des patates.

Mais rassurez-vous, les russes attendent juste quelques jours de plus pour festoyer. En effet, ils gardent leur énergie pour le Nouvel An.
Puis vient le Noël orthodoxe quelque part en janvier.
Puis l'"Ancien Nouvel An" encore quelque part en janvier.

Et comme toutes ses fêtes demandent des préparatifs, ils vont chez "Ашан" (Auchan, et oui^^) en masse faire leurs courses des fêtes. Comme moi.
Je me suis donc plongée dans l'univers infernal d'un grand centre commercial moscovite la semaine avant les fêtes de fin d'année. A savoir des milliards de gens armés de gros caddies dans un cadre de jeu bien défini : un Auchan à deux étages qui ressemble d'avantage à un entrepôt qu'à un magasin (et où des gens achètent des boites de chocolats par dizaines pour les revendre dans le métro).

Et moi, là-dedans, je cherchais : du sucre glace, de l'arôme de vanille, du chocolat pour cuisiner, des lardons (denrée devenue rare dès que tu sors de France), de l'eau oxygénée (alors là bon courage, c'est officiel ils en ont pas^^).
Bon, je suis repartie avec du chocolat normal et du sucre glace parfumé à la vanille. Et des lardons, toute contente.
Et en sortant je suis tombée sur...
Mieux que les lardons, le Yves Rocher, la baguette à 10 roubles, mieux que l'ambassade de France...
Le Décathlon. A la russe.

Si le Auchan était bondé, là, il n'y avait pas un chat. Ah, si, une petite famille. Des français^^ Depuis 4 mois que je suis là, je ne me suis jamais sentie autant... en France.
Des polaires Quechua, des t-shirts de toutes les couleurs, des maillots de bain en bordel... tout comme en France :) Excepté peut-être un rayon de patins à glace absolument impressionnant (jusqu'au plafond^^).

Tout ça pour dire, que même si on a pas (encore) eu de Noël, la merveilleuse ambiance des fêtes de fin d'année (et sa débauche vomitoire de consommation) est bien là.
Même mes élèves n'ont plus le coeur à l'ouvrage :
-"Fais-moi une phrase avec "ni... ni"
- Je n'aime ni l'imparfait, ni le conditionnel"

dimanche 13 décembre 2009

Tanganka bunker

Encore dans la série des sorties culturelles du week-end, cette fois, j'ai visité un bunker soviétique.


Avouez que ça a de l'allure.

Déjà, on a commencé par descendre 20 étages à pieds.
Puis on a marché dans les longs corridors en écoutant le métro passer.


On s'est arrêtés dans une salle où on nous a montré un film sur le thème : "Vous voyez, la bombe atomique ça fait ça comme dégâts : *20 minutes d'explosions avec de la musique classique pour accompagner*. C'est pour ça qu'on construit des bunkers 200 pieds sous terre".


Puis on est atterris dans une salle de musée, avec des reconstitutions plus vraies que nature.


Et une maquette de la zone :


Enfin, quand il a réclamé un volontaire pour faire "je ne savais pas encore quoi" et que personne n'a bougé, j'ai été désignée :
- "Toi là, viens là. Oui en Union soviétique, c'est comme ça qu'on choisissait les volontaires !"

Bon, rien de bien méchant à la clé, il m'a juste coiffée d'un béret de l'armée rouge et je devais répondre au téléphone en appuyant sur des petits boutons.
(le tenue de protection complète avec le masque à gaz et tout, c'était pour le "volontaire" suivant^^)

On s'est encore promenés dans des kilomètres de corridors (ils ont même éteint la lumière et mis les alarmes pour nous faire croire à une attaque... bon, à part une cruche qui a sauté dans les bras de son mec, pas grand monde y a cru^^).


Enfin, il y a eu une petite séance de tir à la carabine (mais pas de peluche à gagner, dommage). Notre guide a dégommé au moins 3 têtes du Parti^^

A la fin, on nous a demandé si on préférait remonter en ascenseur ou à pattes.
On a grimpé à pieds hein, on est quand même pas des mauviettes.

(le compte-à-rebours qui "encourage"^^)

dimanche 6 décembre 2009

Переславль-Залесский

Mise au vert, deuxième épisode.

Cette fois, c'est le bus qu'on a choisi pour sortir de la ville, et ce bus nous a amenées à Pereslavl-Zalesski, petite ville de l'oblast de Yaroslavl.

A Pereslavl-Zalesski, il y a :
-un lac :


-un monastère :

-un couvent (dont le jardin est beaucoup plus soigné que celui du monastère pour mecs, soit dit en passant^^) :

-un pont très flippant :

-une jolie église (avec un boulet dans une voiture qui voulait absolument nous prendre en photo^^) :

-une autre jolie église :

-un marché champêtre :
-des inondations :


-une statue d'Alexandre Nevski :

-un éléphant rose :


(mais non, on avait rien bu)

- un réseau de transports sans faille : la marshrutka n°1 va partout !

Bon, il y a aussi un musée (mais on y est pas allées^^), et un resto géorgien qui ne sert que de la bouffe russe et qui nous fait -20% sans raison apparente (à part peut-être qu'on était les seules clientes^^)

Une journée très étonnamment sans encombre aucune... jusqu'au retour en bus.
Genre le gentil chauffeur qui s'arrête en plein milieu de nulle part sur le bord de l'autoroute, sort, fume et pisse. La plupart des passagers mâles qui l'imitent.
Immanquablement je commence à passer en revue les scénarios probables :
-"Je te dis, ils attendent un marchand d'esclaves à qui ils vont vendre tous les passagers"

15 minutes plus tard (tout de même), il remonte dans l'autobus et nous annonce que notre bus est cassé, et qu'un autre va venir nous ramasser d'ici à 20 minutes. Youpi.

Bon, finalement l'autre autobus est arrivé, ce n'était pas un marchand d'esclaves, il nous a ramenés à bon port après d'interminables bouchons.

La campagne russe.

jeudi 26 novembre 2009

Бородино

Samedi dernier, j'ai décidé d'aller me mettre au vert. Sortir un peu de la ville, respirer l'air pur, marcher dans la boue, tout ça.


(pas si mal le train russe hein ? autrement plus classe qu'un TER Franche-Comté^^)
Et comme c'est toujours bon d'allier l'utile à l'agréable, j'ai opté pour la très historique destination de Borodino.
Mais si, vous savez : là où Napoléon a gagné en 1812, et aussi là où les allemands ont gelé en 1941.

Aujourd'hui, Borodino, c'est avant tout 238 habitants, au moins 238 chiens et presque autant de monuments aux morts, un couvent, un petit musée et des routes pas goudronnées.


On a pas vu beaucoup d'habitants (je veux dire, des gens vivants^^). Juste un cortège de mariage, composé de 4 voitures avec de la techno à fond^^ et quelques nonnes.
On a marché le long de la route pour aller voir le monastère, qui était ma foi bien sympathique :


En cours de chemin, on s'est arrêtés pour lire les inscriptions sur touuus les monuments (soit tous les 15 mètres) :
- "Là, il y en a un autre !"
- "Et là-bas, encore un autre !
- "heuu... non... qu'est-ce qu'elle a vu, il n'y a rien là-bas ?"
- "ok, c'était juste un poteau électrique. Arrêtez donc de ricaner."



Bon, après on a fait nos boulets (il y a toujours un moment loose dans les journées culturelles comme ça^^), voilà le panneau d'orientation devant l'ancien champ de bataille :


-"N, c'est pour Nord ? Donc le nord est là, donc Moscou est par là. Mais notre train est venu de l'autre coté. (peut-être qu'il a fait un détour hein, on sait jamais^^).
- Et A, c'est pour quoi alors ?"

A peu près 2h plus tard, au musée, on a capté que N, c'était pour Napoléon (donc le coté d'où il est venu), et A pour Alexandre 1er, le Tsar russe en vigueur à l'époque.
La totale loose.

dimanche 15 novembre 2009

Les québécois

(un article plein de râleries, vous êtes prévenus)

Si il y a une chose que j'ai pu remarquer ces derniers mois, c'est que le québécois s'adapte très mal à la vie moscovite. Non, pas tous les québécois. Juste ceux qui sont en stage avec moi. Et encore, pas tous. Juste une respectable moitié.

Donc ces québécois sont des empotés.
Déjà, ils ne parlent pas un mot de russe. Et c'est pas en séchant les 2/3 des maigres cours qu'on nous offre ici qu'ils vont apprendre.
En plus, ils me racontent des bobards :
- Pourquoi vous n'êtes pas allés à votre examen mardi ? Il parait qu'Amélie était toute seule avec votre prof ?
(bon je flique personne hein, je cherche à comprendre, c'est tout)
- Ah mais c'est parce qu'on a étudié toute la nuiiiit pour cet examen et après ça on était trop fatigués pour y aller, tu comprends ?

Pauvres choux.
Surtout quand je sais de source très sure qu'ils étaient au bar (comme quasiment tous les soirs) et qu'ils sont rentrés à 7h du mat', quand l'université ré-ouvre ses portes. Et que leur examen portait sur l'accusatif, les nombres jusqu'à 15 et les couleurs.
Donc prenez-moi pour une conne, je vous dirai rien.

Les québécois, ils sont très contents d'habiter ici, tous ensemble, avec surtout pas de russes. Comme ça ils peuvent cultiver leur petit monde familier et civilisé, où les gens parlent français-anglais-c'est tout, mangent des œufs avec de la sauce piquante et du pain de mie, où ils peuvent regarder des films bien américains toute la journée sur leurs beaux ordis et faire leur lessive tous les 3 jours (si ils faisaient leur vaisselle aussi souvent que leur lessive, notre cuisine deviendrait presque un endroit vivable).

Ici ils ont tout le temps de s'adonner à leurs loisirs préférés puisqu'ils ne se sentent même pas obligés d'aller à nos 4h30 de cours par semaine. Ils sont très contents de profiter des clopes et de l'alcool pas cher, sans trop subir les désavantages de ce pays sauvage (les gens "vraiment po corrects" dans le métro, la bouffe "dégueulâsse ça a pas d'bon sens" (ces gens ne comprennent vraiment rien)).

Le vendredi soir, ils vont au "Canadian Club" : un 5 à 7 mondain à l'ambassade du Canada, où ils peuvent rencontrer des gens bien vieux, riches et influents qui pourront surement leur rendre de menus services.

Et quand la prof de russe responsable de l'échange vient du Québec pour nous rendre visite et dit "si vous avez des problèmes, surtout n'hésitez pas à m'en parler !", ils répondent :
- Oui... ben en fait j'ai un problème : voilà, la lampe au-dessus de l'évier dans ma chambre marche plus, l'ampoule a dû griller. Bon ça fait 3 semaines, ça commence à devenir embêtant !

(genre tu peux pas chercher comment on dit "ampoule" et "changer" dans un dico et aller le demander toi-même non ?)
Je vous l'ai dit, des empotés.

Des fois, je me demande comment ils font pour commander leur alcool au bar... (bon ok, "vodka" c'est international. Mais quand même, il faut la demander :))
Voilà une petite vidéo drôle pour illustrer mes dires.
(cliquez sur "Старт" pour commencer, ça veut dire "Start")
(mais non, je vous prends pas pour des québécois :))

(amis québécois, pas d'offense hein. J'ai rien contre les québécois en général (à part peut-être l'invention de la poutine^^). Juste contre ces québécois en particulier)


Notre obshegitie bien-aimé. Automne, soleil.

dimanche 8 novembre 2009

English Club

(bon, le coup des articles en russe c'était une blague hein, j'ai quand même pas tant de courage^^)

Il y a quelques semaines, j'ai eu une super idée pour me faire des amis à Moscou : fréquenter un salon de discussion en anglais.
Comme je ne voulais pas trop y aller seule la première fois, j'ai emmené Ivan, un franco-québécois-ne sais plus trop.
A peine arrivés, première surprise :
- 200 roubles.
- Comment ça, c'est pas gratuit ? Sur le site ce n'était pas marqué que c'était payant !
(peut-être parce que c'est évident que c'est pas gratuit^^)
Voyant qu'on luttait pour lui parler en russe (surtout quand Ivan a dit "non mais c'était ton idée hein, alors c'est toi qui parle"^^), elle a quand même demandé :
- Mais vous n'êtes pas russes ? D'où est-ce que vous venez ? Parce que pour les native speakers, c'est gratuit !
Et là, Ivan :
- On est canadiens !!

Donc on est entrés sans payer. Sauf que maintenant on était devenus des anglophones, soit la cible ultra-prioritaire des quelques millions de russes venus pratiquer leur anglais.
Et, meeerde.

Enfin surtout pour moi, parce qu'Ivan, lui, il mange de la poutine arrosée de sirop d'érable depuis genre 10 ans, donc il parle bien anglais.

Donc plein de gens nous ont sauté dessus pour nous parler anglais. Et en bons russes, ils avaient beaucoup de questions :
- Et vous venez d'où au Canada ?
- Heu... d'un petit village, c'est pas connu !
- Et qu'est-ce que les canadiens pensent de la Russie ?
- (si tu savais...) Oh ils vous aiment bien !

Au bout de 10 minutes (et sachant que la réunion dure 3 heures^^), j'ai lâché le morceau :
- Non mais arrêtez de croire que je suis canadienne hein, franchement est-ce que j'ai l'air d'une canadienne ? Je suis française, on a menti pour pas payer.

Et là, les russes étaient tous morts de rire. Génial.
A partir de là c'est devenu beaucoup moins gênant de laisser aller mon très lourd accent français^^ Et beaucoup plus facile de répondre à leurs questions (sauf quand ils demandent : "Et qu'est-ce que les français pensent de la Russie ?" j'en sais rien moi, français, qu'est-ce que vous pensez de la Russie ?).
Puis est venu le temps où les langues se délient :
- Non, mais maintenant je peux te le dire hein, pour moi, le Canada c'est pas un vrai pays. C'est bien mieux si t'es française.

Le vrai problème au English Club, c'est que la densité moyenne de population y est comparable à celle du métro à l'heure de pointe (c'est pas peu dire, surtout à Moscou croyez-moi). On y rencontre des gens divers et variés, parfois normaux, souvent bizarres. Genre un gars tout sale qui vient me voir et me demande :
- C'est toi la française ? Comment on dit en français "donnez-moi de la nourriture" ?
(lui aussi il a dû trouver un stratagème pour entrer sans payer^^)
Ou comme l'australien trop bizarre qui demande à tous ceux qu'il rencontre :
-Bonsoir, est-ce que tu sais voler ?
(et toi Peter Pan ?)
On peut y trouver des français qui vendent des imprimantes, et des passionnés de moto-cycle.
Et je parle pas du semi-autiste qu'on laisse taper sur le piano pendant les 3 heures de temps.

Tout ça pour dire qu'en sortant du English club, on a souvent mal au crâne. Donc peu de chance que j'y remette les pieds...
En plus, maintenant, c'est plus gratuit^^

Mais n'oublions pas la question essentielle, petit sondage donc : qu'est-ce que les français pensent de la Russie ?


(encore une petite photo, juste pour voir si ça vous influence :))

lundi 26 octobre 2009

Москва

(à partir de maintenant, j'écrirai tous les articles en russe, dsl)

(c'est pour ça que je vais faire un article muet, et vous laisser profiter de "ma" belle ville :))


dimanche 18 octobre 2009

Koh-Lanta

L'obshegitie me fait parfois un peu penser à Koh-Lanta. (pour les non-français, Koh-Lanta c'est une émission de télé assez stupide où on largue des gens sur une île et ils doivent survivre 40 jours. Ils mangent des vers, construisent des cabanes, tout ça...)

Loin de moi l'idée de dire qu'on manque de tout. Mais on manque assez régulièrement de quelque chose :
- Hey, toi, tu sais couper les cheveux ?
- Non... mais il paraît qu'au 7ème il y a une italienne qui sait !

- Salut, c'est toi qui sait couper les cheveux ?
- Oui, mais je te préviens : ça te coûtera 2 bouteilles de Baltika, c'est tarif unique.
- Tope-là.

(oui, la bouteille de bière est la monnaie la plus couramment utilisée ici^^)

Bon, dans la liste des choses qui nous manquent souvent, on peut citer le produit vaisselle (pénurie quasi-permanente^^), les casseroles (heureusement que la cuisine du 9ème est comme un puits sans fond où on peut s'approvisionner à volonté), le PQ, et surtout, surtout, une bonne connexion Internet.

Mais, contrairement à nos collègues naufragés volontaires, si il y a un truc dont on ne manque pas, c'est bien de nourriture.
La Russie, c'est le paradis du mangeur.
Ici, on trouve plein de bonnes choses. Dans les supermarchés, le rayon des sucreries est deux fois plus important qu'en France (et 10 fois plus qu'au Canada) (tu vois le rayon fromages en France ? Ben la même chose, mais avec des gâteaux^^).

On peut aussi acheter des kilos de bonbons/chocolats sur les marchés, avec des étalages dans ce style là :


(un kiosque avec des chocolats jusqu'au plafond : ces gens-là savent comment bien vivre)
(la mini fenêtre, c'est pour que la dame puisse respirer, et te donner tes chocolats^^)

Les gens font de la bonne cuisine (des champignons, des soupes, des soupes aux champignons, de la graine de sarrasin (je pensais qu'il y avait juste des hippies français qui mangeaient ça, en fait ici c'est presque le plat national !), des pelmenis, et j'en passe...)
Où que tu ailles, les gens essaient de te faire manger, et pas qu'un peu (en général quand tu dis "non merci", ils comprennent "oui, encore, et beaucoup hein !". Le russe est une langue difficile^^)
Même la cantine de l'université est pleine de bonnes choses (après le traumatisme du "Menu Santé" à Québec, ça fait du bien).

La bouffe est tellement bonne qu'elle commence à entamer la solidarité obshegitienne (la langue française devrait me remercier de l'enrichir autant^^). En effet, ici tout est bon et pas très cher. Mais quand même, il faut sortir pour l'acheter. Apparemment ça pose un problème à certains : cette semaine, on m'a piqué mon fromage dans le frigo. Deux fois.

Alors là, je ne suis plus d'accord du tout^^ (le fromage, c'est sacré). Surtout que je ne suis pas la seule à qui c'est arrivé : plein de fromages ont mystérieusement disparus du frigo du 6ème.
Donc maintenant, chacun y va de sa méthode :
- Moi, j'ai camouflé le mien dans un sac de légumes. Tous de suite ça fait moins envie.
- Ah ouai ? Moi je l'ai planqué dans un recoin du frigo que moi seul connait. Et crois pas que je vais te dire où c'est. C'est vrai quoi, qui me dit que c'est pas toi le voleur !

En ce qui me concerne, j'ai opté pour le replis tactique. Voilà mon nouveau frigo :


(les doubles fenêtres, c'est trop pratique)

mercredi 7 octobre 2009

Gérard

Dans mon cours de russe, il y a un gars que je ne peux pas supporter. Afin de garantir son anonymat, nous allons l'appeler Gérard.

Gérard a la trentaine bien tassée. Comme son nom l'indique, Gérard est français. Gérard vit à Moscou depuis 4 ans.
Gérard est un expat'.

En bon expat', Gérard a surtout des amis français (ou belges, à la rigueur), avec qui il boit des bières et va à des expositions très intéressantes.

En bon français, Gérard a un sens de l'humour sur-développé ("Ben alors, il parait que t'aimes pas les anglaises de l'obshegitie ? Mais c'est du racisme primaire ça !" Haha, que tu es drôle).

Mais surtout, Gérard est trop bavard. Petit exemple : la prof nous demande de nous exprimer chacun notre tour sur un sujet bien simple : "Parlez de votre famille".
Bien-sur, Gérard est le premier volontaire pour se jeter à l'eau :
"Alors, mon père est ceci, ma mère est cela, mes grands-parents vivent en Normandie et le nom de mon grand-père Lucien, ma grand-mère s'appelle Janine, ils étaient fermiers mais à la retraite ils ont déménagé à la ville parce que tous les enfants avaient quitté la ferme. Ah oui, j'ai 7 frères et sœurs. Alors je suis l'aîné, mon premier frère est marié et il a deux enfants qui s'appellent... (15 minutes). Mes autres grands-parents vivent en Bretagne, et si on parlait un peu de mes origines Yougoslaves ?"

Là, la prof (qui avait prévu 30 minutes maxi pour ce travail) lui dit "Merci Gérard, c'est très intéressant", et elle continue le tour de table. Et quand ça arrive à moi, pauvre dernière, j'ai le droit de dire :
"Ma famille vient du sud de la France, ma mère est professeur, je n'ai pas de frères et sœurs..."
"Merci Manon, c'est très intéressant."


Vous comprenez mon problème ? (non mais pitié, dites-moi que vous comprenez !)

Aussi loin que je me souvienne, il y a toujours eu un Gérard dans mes cours de russe. La malédiction a commencé à l'Institut Pouchkine, avec un Gérard retraité qui avait décidé d'honorer ses racines russes en apprenant une langue ardue à 70 balais passés :
"Excusez-moi, vous pourriez expliquer le truc des déclinaisons en général, j'ai pas bien compris... Bon, rapidement hein, en une ou deux phrases, je voudrais pas faire ralentir le cours rien que pour moi quand même !"

A Québec aussi il y avait un Gérard. Celui-là (également bien trop vieux pour être assis sur un banc d'université), son jeu favori était de hurler la réponse au prof pour couvrir les réponses timides des petits étudiants encore en âge d'étudier, dont les voix tendres et délicates se retrouvaient écrasées sous ses mugissements. Un vrai buffle.

Donc voilà, si quelqu'un a une solution à me suggérer, je suis ouverte à toute proposition (j'aurais bien une petite idée, mais je suis pas sure d'être couverte par l'immunité diplomatique ici^^).