jeudi 21 juillet 2011

Le consulat russe


Le consulat russe de Strasbourg et moi, c'est une longue histoire pleine de péripéties.

Tout a commencé le jour où je devais partir en stage linguistique à Moscou dans 3 semaines, et que la mairie m'a dit qu'ils ne recevraient pas mon passeport avant... 6 semaines.
J'ai donc téléphoné au consulat pour leur demander quoi faire. Et là, une certaine "Irina" m'a rassurée en me disant qu'elle allait tout arranger si je passais la voir le jour même à 15h.

A 15h, je sonnais donc à l'interphone du consulat. On décroche :
- "Bonjour, je viens voir Irina, elle m'a dit de venir à 15h
- Le consoulat est ferrmé.
- Mais Irina m'a dit elle-même de venir à 15h, c'est urgent !
- Le consoulat est ferrmé.
- Mais c'est pour le stage linguistique, on part dans 3 semaines !
- Le consoulat est ferrmé.
- Est-ce que Irina est là au moins ?
- Le consoulat est ferrmé !!"

Bon. Là, je paniquais. Et comme il est sage de faire en cas de panique, j'ai fait appel à l'expérience : j'ai sorti mon portable, et j'ai appelé Louise, la fille aux 50 visas russes :
- "Je suis devant le consulat pour voir une Irina qui doit m'aider pour mon passeport, mais le rottweiler de l'accueil veut pas me laisser entrer sous prétexte que c'est fermé !
- INSISTE !"

L'expérience avait parlé.
Je re-sonnais donc à l'interphone :
- "Je dois parler à Irina, qui m'a dit de venir à 15h, pour m'aider à recevoir un passeport plus vite pour partir en stage linguistique, ouvrez siouplait"
- ... *long soupir*
Biiiip

Elle avait ouvert, et Irina descendait vaillamment les petites marches une enveloppe à la main.
Bingo.


Quelques mois plus tard, j'étais invitée à la soirée des anciens du stage linguistique. Entre-temps, je m'étais pété les ligaments croisés, alors j'avais de jolies béquilles jaunes qui m'empêchaient de m'abriter sous un parapluie en cet automne pluvieux. Le vice-consul avait été nommé à la place d'Irina à l'organisation des stages, et le vice-consul, il était vraiment très classe. On avait mis nos beaux foulards achetés à Ismaïlovo pour l'occasion. Notre ami Gérard a pris la parole au nom de tous pour évoquer le bon temps que nous avons eu à Moscou lors de ce qui était, pour lui, au moins son 4ème stage linguistique^^
Une fois les discours passés, on a attaqué le buffet. Il y avait des petits four au caviar, un cocktail à la vodka nommé "le tournevis", et surtout des montagnes de konfettis. Comme on arrivait pas à tous les manger on en a fourré plein dans mon sac à dos, en se disant qu'ils n'oseraient pas s'en prendre à une pauvre handicapée pour vol de chocolats.


Quelques mois plus tard, je n'avais plus de béquilles, et j'étais venue honorer le ciné-club du consulat avec deux comparses du stage linguistique. On nous a installées devant un film d'art et d'essai en noir et blanc qui devait être le film le plus mortifiant d'ennui de toute l'histoire du cinéma. Au bout de deux heures d'incompréhension et de perplexité, le générique apparaissait enfin. On commençait à mettre nos manteaux quand une inscription apparut à l'écran... "Seconde partie".
On a fini de mettre nos manteaux et pris la poudre d'escampette vers une crêperie strasbourgeoise (celle où les menus sont dans des couvertures d'albums de Tintin).


Au printemps, je préparais un second stage linguistique. Je m'en allais au consulat acheter mon billet d'avion pour Moscou. Pas juste le mien en fait, le mien et celui de Charlotte, qui était également du stage, évidemment. Le consulat n'acceptant que les paiements en liquide, je tairai la somme que je trimballais dans mon sac à dos ce jour là. Disons juste que c'était digne de la valise d'Al Capone, ça vous donnera une idée.
Comme je n'étais pas en avance, j'ai décidé de prendre le tram pour gagner un peu de temps. Une fois installée dedans, j'ai aperçu quelques types en uniforme qui semblaient embêter les passagers... Eux aussi m'avaient aperçue. Ils ont traversé tout le tram pour venir ME voir :
-"Mademoiselle, ticket s'il-vous-plaît"

Et meeerde... Là, j'ai dû leur raconter que j'avais pas d'argent sur moi pour payer leur amende. Alors ils m'ont fait un PV pour que j'aille la payer à leur QG. Entre-temps, le tram avait traversé la ville et m'avait emmenée bien loin du consulat. Donc j'ai dû le reprendre dans l'autre sens, avec un ticket (le type en uniforme me surveillait encore du coin de l’œil), et je suis arrivée franchement en retard pour leur donner tous leurs sous. Franchement en retard, mais pas encore assez pour qu'ils aient commencé. C'est des russes, quand même.