dimanche 25 septembre 2011

Pandemic II

C'est l'histoire d'une contagion.

Tout a commencé il y a trois jours, quand je glandais sur facebouc au lieu d'écrire mon projet de mémoire (je "faisais une pause" hein, on a tous fait ça il me semble^^).
J'y ai alors lu un étrange statut du genre "Si Madagascar fermait pas ses aéroport dès que quelqu'un tousse à Mexico, ça m'arrangerait", statut dont je tairai l'auteur. *ahem*
Assortie au statut, une capture d'écran, avec un nom, qui s'est vu à l'instant googler, et qui m'a menée au foyer de l'épidémie : un site où l'on peut... jouer gratuitement à Pandemic II.

Ni une ni deux, un coup d’œil au tutoriel et je me lançais.
Pandemic est un jeu où, comme son nom l'indique à peu près, le but est de décimer l'Humanité avec une épidémie. On peut donc choisir sa vermine : virus, bactérie, parasite... On peut aussi choisir le mode de contagion (par les rongeurs ? hum, pas assez rapide. Contamination de l'eau ? Idéal en cas d'inondations. Les insectes ? Pas mal, mais le Groenland risque d'y résister). On peut aussi choisir ses symptômes : rhume, toux, nausées... diarrhée, démence... plaies, œdème pulmonaire, insuffisance rénale, et j'en passe.

Là, dans les 5 premières minutes, tu te dis "mais c'est horrible ce jeu !". Puis tu t'aperçois que le nombre de morts en Australie est en train de dépasser le nombre de vivants et qu'il n'y a plus aucun "healthy people" en Amérique du nord, et tu te dis "Haha, j'vais gagner, vous allez tous y passer, mouahahaaaa !!!".

Voilà. C'est dans cet état d'esprit que j'allais faire cuire mes nouilles dans la cuisine quand j'ai croisé mon coloc, je lui ai parlé de ma nouvelle distraction, et qu'il m'a dit :
"Aah, mais ça a l'air génial ce truc, tu me l'envoies ??"

C'est comme ça que je l'ai contaminé, contribuant ainsi à répandre la pandémie Pandemic.
Quelques heures plus tard, nos conversations étaient atteintes à leur tour :
-"Non, mais au début, il faut vendre tous les symptômes visibles, pour pas affoler les gouvernements, et surtout acheter des moyens de contagion"
-"Ouai, mais il y a aussi des symptômes qui accélèrent la transmission, genre celui qui éternue à la gueule de son voisin c'est sûr qu'il va lui refiler son virus !"
-"L'essentiel, c'est de pas lésiner sur la résistance aux médicaments"
-"Et surtout, t'attends bien que tous les pays soient contaminés pour envoyer les gros symptômes"
-"C'est clair, t'attends qu'ils soient tous en rouge et là tu balances une kidney failure à tout le monde pour exploser le score"
-"Tu viens de tousser là ??"

Depuis, donc, on est devenus complètement paranos. On bousille tous les moustiques qu'on voit, on change de place dans le métro quand on voit quelqu'un qui se mouche, on achète plus de produits importés.

Et pire que ça : on continue à répandre l'épidémie. Résistez si vous pouvez :

www.pandemic2.exterminel'humanite.com




(... deux heures plus tard)
Youhouhouuu !!

lundi 12 septembre 2011

Côte-des-Neiges en fête

Ou le jour où j'ai fait du bénévolat à une fête de quartier.
Mais pas n'importe quel quartier : Côte-des-neiges, soit un quartier situé à peu près à l'opposé de là où j'habite, environ à l'autre bout de la ville, qui me fait prendre toutes les lignes de métro les unes après les autres pour m'y rendre.
En fait je me suis faite enrôlée par Émilie, une sociologue elle aussi, qui avait décroché un boulot d'été d'enfer, soit : recruter des bénévoles pour la fête de quartier de Côte-des-neiges.

Cela dit, je n'étais quand même pas prête à tous les sacrifices. J'avais prévenu Émilie que j'accepterai tout poste n'impliquant pas de travaux de déménagement (je m'appelle pas Robert non plus)/d'enfants bruyants (j'aime pas les enfants bruyants)/de contact intense avec l'espèce humaine en général (j'aime pas... non, je parlerai pas de ça ici).

Je me suis donc levée à une heure indécente un dimanche matin pour me rendre à mon poste assigné : la surveillance des loges des bénévoles et des artistes.
Arrivée sur les lieux, je trouve le "kiosque" (on m'avait expliqué plus tôt l'importance du dit kiosque : le matin en arrivant, tu vas au kiosque, si tu as une question, tu vas au kiosque, si tu as un problème, tu vas au kiosque, une revendication, un mécontentement, une envie pressante, TU VAS AU KIOSQUE).
Je suis donc allée au kiosque, et là on m'a remis un sac plastique à mon nom contenant des effets indispensables au bon déroulement de la journée : un t-shirt, des coupons repas et boisson gratuite, le programme de mes tâches, etc.

Là-dessus, j'ai enfilé mon t-shirt et je suis partie à la recherche des fameuses loges des bénévoles. Ces recherches m'ont menée dans une soupe populaire souterraine déserte, où je n'ai trouvé que des portes fermées. Bon.

Je commençais à chercher une idée quand j'ai enfin aperçu âme qui vive, en la personne d'un vieux monsieur à qui j'expliquai mon cas, et qui m'a répondu : "ah, oui, la loge des bénévoles c'est cette porte, là. Bon, pour l'instant je la laisse fermée et je garde la clé, mais tu peux t'asseoir dans le couloir".

Ouf, là je sentais que j'allais être utile^^ Heureusement, ça ne s'est pas passé comme ça : une foule de petites ados asiatiques a débarqué et fait assez de bruit pour que le bon monsieur comprenne qu'elles voulaient aller dans les loges, et que si il voulait pas faire le portier toute la journée il ferait mieux de me refiler la clé, ce qu'il a fait. J'ai donc pu ouvrir la porte en question, qui était celle d'un petit bureau sans fenêtre (rappelle-toi : on est au sous-sol) mais avec des chaises qui tournent.

Je me suis donc installée là, et une fois les petites ados babillantes parties, j'ai commencé... à m'ennuyer. J'ai commencé à faire le sudoku "difficile" d'un journal qui trainait là, je l'ai fini, puis j'ai trouvé une pile de sudoku sûrement découpés dans les journaux des dix dernières années (les gens qui travaillent dans ce bureau doivent s'ennuyer souvent eux-aussi^^), et j'ai commencé à m'y attaquer... quand j'ai capté que l'ordi qui se trouvait devant moi était sur veille, et qu'il n'y avait pas de mot de passe.
J'ai donc laissé tomber les sudoku et commencé à glander sur Internet quand... une fille est arrivée. La fille qui travaille dans ce bureau (évidemment). Pendant qu'elle se présentait, j'essayais de fermer discrètement ma fenêtre Bashfr (mais ceux qui me connaissent savent que la subtilité est rarement mon alliée).

Elle a fait semblant de ne rien voir, et m'a proposé de l'aider pour une petite tâche, "comme j'avais l'air de m'ennuyer". J'ai accepté, et là elle a sorti de la photocopieuse une pile énorme de papiers (on aurait dit une thèse de doctorat de socio, au moins), l'a posée devant moi et m'a dit "voilà, il faut plier ces flyers en 3, à tout à l'heure !", et elle est partie.

Bon. Je me suis donc attaquée aux flyers, et ça m'a occupée jusqu'à l'heure de ma prochaine tâche... la distribution des repas.

J'ai donc quitté mon bureau douillet pour la cuisine (toujours dans le sous-sol), où on m'a donné une liste, un carton de pommes, un carton de petits gâteaux, un carton de plats végétariens, et 8 cartons de plats St Hubert.

St Hubert, pour tous ceux d'entre vous qui n'ont jamais mis les pieds au Québec, c'est une chaîne de fast-food, qui sert essentiellement du poulet et des frites, avec comme mascotte un énorme poulet au regard pas bien franc :


On peut cependant supposer que les québécois aiment ce poulet, puisque qu'entre "repas St Hubert" et "repas Première Moisson" (une autre chaine, qui fait, elle, des trucs bons pour la santé), 95% avaient choisi le gros poulet.

J'ai donc deux heures durant distribué leurs repas aux bénévoles, surmontant quelques inconvenues :
-"Mais, le repas Première Moisson est pas végétarien !"
-"Si, regardez, il y a des quiches aux légumes !"
-"Mais dans les quiches il y a des œufs ! Vous me ferez pas manger des œufs !"
(moi je dis : si t'es végétalien, ben t'amènes ton sandwich hein, mais bon je l'ai pas dit)

et autres :
-"Il y a plus de couverts ?"
-"Heu... désolée, je les ai déjà tous donnés, St Hubert en a pas donné assez..."

En effet, St Hubert a donné plus de poulet-frites que de couverts. Je m'en suis aperçue quand j'ai capté que le fond du sac où il y avait les couverts était constitué, non pas du nombre de couverts nécessaires, mais de sachets de mayonnaise et de ketchup. Que j'ai pas donnés à tous les bénévoles venus chercher leur mangeaille avant 13h30 (soit... 80% ?^^).

Bref. Quand l'heure du repas a touché à sa fin (et qu'il me restait assez de ketchup et de mayo pour abreuver une ville d'Afrique), je suis retournée dans mon bureau-loge des bénévoles, mais cette fois pas toute seule : le renfort était arrivé, en la personne d'Anne-Laure (une autre sociologue, celle-là encore inavouée, elle aussi endoctrinée par Émilie).
Là, le temps est passé beaucoup plus vite : on a joué au pendu. Mais attention, pas du pendu pour les nuls hein : "martingale", "tachycardie", "galinette cendrée" et quelques extraits de nos patois régionaux respectifs, genre "escagasser" (là, je lui ai vraiment laissé aucune chance^^) ou un obscur mot de picard signifiant "nombril" (boubinette ? boutinette ?).
Notre jeu n'a été interrompu qu'une seule fois par... la mascotte géante de St Hubert, qui avait investi notre sous-sol et nous a fait coucou par la porte (l'angoisse), avant sans doute de se diriger vers les toilettes pour enlever enfin son costume infâme.

La journée s'est finalement terminée au bar du coin, où un "after" avait été organisé pour les bénévoles. Le problème, c'est que la partie non négligeable des bénévoles constituée par des petites ados asiatiques n'avait pas le droit d'entrer dans le dit-bar, et était de toute façon rentrée bien sagement chez leur mère avant la tombée du jour. Il restait donc : les mecs ayant participé au démontage, les filles du kiosque, un petit groupe d'anglophones, Anne-Laure et moi. Le bar était quasi-vide, et quand on a voulu commander à manger on nous a pas trop laissé le choix des armes : "Alors, on a plus de sandwichs, on a plus de pizzas, et on a plus de salades".
J'ai donc mangé un croque-monsieur (je pourrai reparler dans un autre article du concept de croque-monsieur en Amérique du nord, mais ne vous réjouissez pas trop vite) avec des frites. Et un coca.

Pendant qu'on picorait notre mal-bouffe a eu lieu cependant la tombola des bénévoles, et devinez quoi, j'ai gagné ! Et vous savez ce que j'ai gagné ??

... roulement de tambour...


...


20$ de chèque cadeau chez St Hubert !
Maintenant je vais devoir aller déjeuner chez le poulet psychopathe. J'ai peur.



(ça, c'est le t-shirt qu'on m'a refilé pour la journée. Il est tellement grand que ça me fait une robe de chambre. Une robe de chambre avec écrit "SÉCURITÉ" dessus. Maintenant c'est moi la terreur des chats chez Régis)