jeudi 26 novembre 2009

Бородино

Samedi dernier, j'ai décidé d'aller me mettre au vert. Sortir un peu de la ville, respirer l'air pur, marcher dans la boue, tout ça.


(pas si mal le train russe hein ? autrement plus classe qu'un TER Franche-Comté^^)
Et comme c'est toujours bon d'allier l'utile à l'agréable, j'ai opté pour la très historique destination de Borodino.
Mais si, vous savez : là où Napoléon a gagné en 1812, et aussi là où les allemands ont gelé en 1941.

Aujourd'hui, Borodino, c'est avant tout 238 habitants, au moins 238 chiens et presque autant de monuments aux morts, un couvent, un petit musée et des routes pas goudronnées.


On a pas vu beaucoup d'habitants (je veux dire, des gens vivants^^). Juste un cortège de mariage, composé de 4 voitures avec de la techno à fond^^ et quelques nonnes.
On a marché le long de la route pour aller voir le monastère, qui était ma foi bien sympathique :


En cours de chemin, on s'est arrêtés pour lire les inscriptions sur touuus les monuments (soit tous les 15 mètres) :
- "Là, il y en a un autre !"
- "Et là-bas, encore un autre !
- "heuu... non... qu'est-ce qu'elle a vu, il n'y a rien là-bas ?"
- "ok, c'était juste un poteau électrique. Arrêtez donc de ricaner."



Bon, après on a fait nos boulets (il y a toujours un moment loose dans les journées culturelles comme ça^^), voilà le panneau d'orientation devant l'ancien champ de bataille :


-"N, c'est pour Nord ? Donc le nord est là, donc Moscou est par là. Mais notre train est venu de l'autre coté. (peut-être qu'il a fait un détour hein, on sait jamais^^).
- Et A, c'est pour quoi alors ?"

A peu près 2h plus tard, au musée, on a capté que N, c'était pour Napoléon (donc le coté d'où il est venu), et A pour Alexandre 1er, le Tsar russe en vigueur à l'époque.
La totale loose.

dimanche 15 novembre 2009

Les québécois

(un article plein de râleries, vous êtes prévenus)

Si il y a une chose que j'ai pu remarquer ces derniers mois, c'est que le québécois s'adapte très mal à la vie moscovite. Non, pas tous les québécois. Juste ceux qui sont en stage avec moi. Et encore, pas tous. Juste une respectable moitié.

Donc ces québécois sont des empotés.
Déjà, ils ne parlent pas un mot de russe. Et c'est pas en séchant les 2/3 des maigres cours qu'on nous offre ici qu'ils vont apprendre.
En plus, ils me racontent des bobards :
- Pourquoi vous n'êtes pas allés à votre examen mardi ? Il parait qu'Amélie était toute seule avec votre prof ?
(bon je flique personne hein, je cherche à comprendre, c'est tout)
- Ah mais c'est parce qu'on a étudié toute la nuiiiit pour cet examen et après ça on était trop fatigués pour y aller, tu comprends ?

Pauvres choux.
Surtout quand je sais de source très sure qu'ils étaient au bar (comme quasiment tous les soirs) et qu'ils sont rentrés à 7h du mat', quand l'université ré-ouvre ses portes. Et que leur examen portait sur l'accusatif, les nombres jusqu'à 15 et les couleurs.
Donc prenez-moi pour une conne, je vous dirai rien.

Les québécois, ils sont très contents d'habiter ici, tous ensemble, avec surtout pas de russes. Comme ça ils peuvent cultiver leur petit monde familier et civilisé, où les gens parlent français-anglais-c'est tout, mangent des œufs avec de la sauce piquante et du pain de mie, où ils peuvent regarder des films bien américains toute la journée sur leurs beaux ordis et faire leur lessive tous les 3 jours (si ils faisaient leur vaisselle aussi souvent que leur lessive, notre cuisine deviendrait presque un endroit vivable).

Ici ils ont tout le temps de s'adonner à leurs loisirs préférés puisqu'ils ne se sentent même pas obligés d'aller à nos 4h30 de cours par semaine. Ils sont très contents de profiter des clopes et de l'alcool pas cher, sans trop subir les désavantages de ce pays sauvage (les gens "vraiment po corrects" dans le métro, la bouffe "dégueulâsse ça a pas d'bon sens" (ces gens ne comprennent vraiment rien)).

Le vendredi soir, ils vont au "Canadian Club" : un 5 à 7 mondain à l'ambassade du Canada, où ils peuvent rencontrer des gens bien vieux, riches et influents qui pourront surement leur rendre de menus services.

Et quand la prof de russe responsable de l'échange vient du Québec pour nous rendre visite et dit "si vous avez des problèmes, surtout n'hésitez pas à m'en parler !", ils répondent :
- Oui... ben en fait j'ai un problème : voilà, la lampe au-dessus de l'évier dans ma chambre marche plus, l'ampoule a dû griller. Bon ça fait 3 semaines, ça commence à devenir embêtant !

(genre tu peux pas chercher comment on dit "ampoule" et "changer" dans un dico et aller le demander toi-même non ?)
Je vous l'ai dit, des empotés.

Des fois, je me demande comment ils font pour commander leur alcool au bar... (bon ok, "vodka" c'est international. Mais quand même, il faut la demander :))
Voilà une petite vidéo drôle pour illustrer mes dires.
(cliquez sur "Старт" pour commencer, ça veut dire "Start")
(mais non, je vous prends pas pour des québécois :))

(amis québécois, pas d'offense hein. J'ai rien contre les québécois en général (à part peut-être l'invention de la poutine^^). Juste contre ces québécois en particulier)


Notre obshegitie bien-aimé. Automne, soleil.

dimanche 8 novembre 2009

English Club

(bon, le coup des articles en russe c'était une blague hein, j'ai quand même pas tant de courage^^)

Il y a quelques semaines, j'ai eu une super idée pour me faire des amis à Moscou : fréquenter un salon de discussion en anglais.
Comme je ne voulais pas trop y aller seule la première fois, j'ai emmené Ivan, un franco-québécois-ne sais plus trop.
A peine arrivés, première surprise :
- 200 roubles.
- Comment ça, c'est pas gratuit ? Sur le site ce n'était pas marqué que c'était payant !
(peut-être parce que c'est évident que c'est pas gratuit^^)
Voyant qu'on luttait pour lui parler en russe (surtout quand Ivan a dit "non mais c'était ton idée hein, alors c'est toi qui parle"^^), elle a quand même demandé :
- Mais vous n'êtes pas russes ? D'où est-ce que vous venez ? Parce que pour les native speakers, c'est gratuit !
Et là, Ivan :
- On est canadiens !!

Donc on est entrés sans payer. Sauf que maintenant on était devenus des anglophones, soit la cible ultra-prioritaire des quelques millions de russes venus pratiquer leur anglais.
Et, meeerde.

Enfin surtout pour moi, parce qu'Ivan, lui, il mange de la poutine arrosée de sirop d'érable depuis genre 10 ans, donc il parle bien anglais.

Donc plein de gens nous ont sauté dessus pour nous parler anglais. Et en bons russes, ils avaient beaucoup de questions :
- Et vous venez d'où au Canada ?
- Heu... d'un petit village, c'est pas connu !
- Et qu'est-ce que les canadiens pensent de la Russie ?
- (si tu savais...) Oh ils vous aiment bien !

Au bout de 10 minutes (et sachant que la réunion dure 3 heures^^), j'ai lâché le morceau :
- Non mais arrêtez de croire que je suis canadienne hein, franchement est-ce que j'ai l'air d'une canadienne ? Je suis française, on a menti pour pas payer.

Et là, les russes étaient tous morts de rire. Génial.
A partir de là c'est devenu beaucoup moins gênant de laisser aller mon très lourd accent français^^ Et beaucoup plus facile de répondre à leurs questions (sauf quand ils demandent : "Et qu'est-ce que les français pensent de la Russie ?" j'en sais rien moi, français, qu'est-ce que vous pensez de la Russie ?).
Puis est venu le temps où les langues se délient :
- Non, mais maintenant je peux te le dire hein, pour moi, le Canada c'est pas un vrai pays. C'est bien mieux si t'es française.

Le vrai problème au English Club, c'est que la densité moyenne de population y est comparable à celle du métro à l'heure de pointe (c'est pas peu dire, surtout à Moscou croyez-moi). On y rencontre des gens divers et variés, parfois normaux, souvent bizarres. Genre un gars tout sale qui vient me voir et me demande :
- C'est toi la française ? Comment on dit en français "donnez-moi de la nourriture" ?
(lui aussi il a dû trouver un stratagème pour entrer sans payer^^)
Ou comme l'australien trop bizarre qui demande à tous ceux qu'il rencontre :
-Bonsoir, est-ce que tu sais voler ?
(et toi Peter Pan ?)
On peut y trouver des français qui vendent des imprimantes, et des passionnés de moto-cycle.
Et je parle pas du semi-autiste qu'on laisse taper sur le piano pendant les 3 heures de temps.

Tout ça pour dire qu'en sortant du English club, on a souvent mal au crâne. Donc peu de chance que j'y remette les pieds...
En plus, maintenant, c'est plus gratuit^^

Mais n'oublions pas la question essentielle, petit sondage donc : qu'est-ce que les français pensent de la Russie ?


(encore une petite photo, juste pour voir si ça vous influence :))