lundi 3 mai 2010

Moscow-city Hill

3 mai : jour où, après quelques longues minutes de fouilles spéléologiques au fond de ma valise, j'ai ressorti mes sandales.

Et oui, croyez-moi ou pas, mais à Moscou c'est la canicule.
Enfin c'est surtout la canicule dans ma chambre d'obshegitie en fait, vu qu'ils ont laissé le chauffage au même régime que quand il faisait -25° dehors. Sauf que maintenant il fait +25°. Et je ne sais pas par quelle opération mathématique magique on arrive à environ +50° dans ma chambre.

Donc dehors, il fait 25, les oiseaux chantent, tout le monde a le rhume des foins : le printemps est bien là cette fois.

Moi, je continue à donner des cours de français à des ados :
- Bon, écris-moi en toutes lettres "1883".
- C'est votre date de naissance ?

Les joies de l'enseignement.


Mais revenons au temps qu'il fait.
La dernière fois que j'ai crevé de chaud à Moscou, c'était à mon premier voyage ici.
Le bon vieux temps de l'institut Pouchkine, avec le 13ème étage sans ascenseur, les cafards, les douches sans eau chaude, la Natacha qui essayait désespérément de nous faire dire la forme de nos sourcils en russe, la Nina de la bibliothèque qui arrêtait pas de nous engueuler... Et la canicule.
Il faisait tellement chaud qu'à notre première sortie en centre-ville, on s'est baignées dans une fontaine avec plein de gamins.

Là, on en est pas encore là. On en est juste au point où la ville est tellement poussiéreuse, et tellement vide pendant les jours fériés (ils sont tous partis faire pousser leurs tomates à la datcha) qu'on pourrait voir dévaler dans les rues des rouleaux de fils barbelés poussés par le vent, sur un vieil air d'harmonica et quelques cris de vautours affamés.
Moscou pendant les longs week-end de mai, c'est une ville fantôme.

(pas tout a fait exact, c'est vrai : les babouchkas kazakhs qui nettoient les rues sont toujours là)

dimanche 28 mars 2010

Театр кошек

Ou "le théâtre des chats". Comprenez : un petit cirque familial, avec que des clowns, et des chats.

Ce samedi, je me suis propulsée dans un quartier chic pour aller voir ce fameux "théâtre des chats". Enfin je dis un quartier chic parce qu'on peut y trouver des boutiques Rolex à 3 étages et des grattes-ciels comme à New-York (sauf qu'à certains de ceux-là il manque encore le toit, crise oblige. Bref).


On a donc marché 15 bonnes minutes le long d'un gros boulevard puant et, enfin, on a (re)-trouvé ce fameux cirque.

Une fois à l'intérieur, aucun doute possible, on est à la bonne adresse : ici, c'est véritablement le temple du chat (sponstorisé par Kitekat, j'arrive pas à croire que j'ai reconnu la face du chat sur la photo avant même de lire le nom de la marque. Je suis une enfant de la pub).
Ici, tout est en chat : les murs, les portes, les vitrines, les rideaux, tout.


On s'est assez rapidement rendues compte qu'on était de loin les spectatrices les plus vieilles (sauf, bien-sûr, si on compte les babushkas venues accompagner leur ribambelle de touuut petits enfants^^). Donc, en plus d'aimer les chats, pour assister à ce genre d'évènement il faut aussi (et surtout) aimer les enfants^^

Une fois le spectacle commencé (plus de photos, pour ne pas déconcentrer les artistes :)), c'est là qu'on se demande pourquoi ça ne s'appelle pas "cirque". Un mec jongle avec des pommes, en équilibre sur une planche à rouleau, avec un chat perché sur son chapeau. Le tout sur de la musique folklorique russe (dont le thème de Tetris, c'est russe ça ??) et un décor à la "izba-Masha-Prince Ivan".

Pour les chats, on hésite entre l'attendrissement et un coup de fil à la SPA^^
En tout cas le dressage d'un chat a pas l'air si différent de celui d'une otarie : "je te tapote le flan, tu fais un petit roulé-boulé par terre et tu reçois ta croquette" (ou ta demi-sardine, selon le cas).
Il y en avait de très tranquilles (comme celui qui dormait sur la tête du mec qui jongle, où ceux avec lesquels ils ont joué à la centrifugeuse en les faisant tourner dans des seaux^^), et des plus énergiques (comme celui qui pousse un caddie avec un chien dedans, d'ailleurs il galérait un peu).

En tout cas, pas désagréable comme spectacle (enfin sauf quand on a voulu s'acheter une glace à l'entracte où là, sans mauvais jeu de mot, on était pas à la hauteur de nos adversaires. Capitulation sans conditions donc), même malgré nos places à 100 r et notre grand âge^^
Si vous voulez en voir des extraits, essayez par là :

http://www.kuklachev.ru/gallery/video/kuklachevclip.html


lundi 8 mars 2010

Марья Моревна

Dans un certain royaume, dans un certain état, vivait Ivan Tsarévitch. Il avait trois sœurs : l'une était Maria Tsarevna, l'autre Olga Tsarevna, et la troisième Anna Tsarevna.
Un jour, leurs père et mère moururent. Juste avant de succomber, ils dirent à leur fils :
- Au premier qui commence à courtiser tes sœurs, donne-les en mariage sans tarder !
Le Tsarévitch enterra ses parents et, plein de désolation, s'en alla avec ses trois sœurs se promener dans le jardin vert.
Tout à coup apparurent dans le ciel des nuages noirs, et un orage terrible éclata.
- Mes sœurs, rentrons à la maison ! dit Ivan Tsarévitch.
A peine avaient-ils franchi le seuil, alors qu'un coup de tonnerre retentissait, que le plafond s'ouvrit, et vola dans la pièce un faucon, se cogna contre le sol, devint un beau jeune homme et dit :
- Bonjour, Ivan Tsarévitch ! Je venais en hôte, j'arrive en quémandeur : donne-moi en mariage ta sœur, Maria Tsarevna.
- Si elle veut de toi, je ne la retiens pas. Mariez-vous donc !

Maria Tsarevna donna son accord, le faucon l'épousa et l'emmena dans son royaume.

Jour après jour, heure après heure, une année entière ainsi s'écoula. Le tsarévitch s'en alla avec ses deux sœurs se promener dans le jardin vert.
De nouveau apparurent des nuages, avec du vent et des éclairs.
- Mes sœurs, rentrons à la maison ! dit Ivan Tsarévitch.
A peine avaient-ils franchi le seuil, alors qu'un coup de tonnerre retentissait, que le plafond s'ouvrit, et vola dans la pièce un aigle, se cogna contre le sol, devint un beau jeune homme et dit :
- Bonjour, Ivan Tsarévitch ! Je venais en hôte, j'arrive en quémandeur : donne-moi en mariage ta sœur, Olga Tsarevna.
- Si elle veut de toi, je ne la retiens pas. Mariez-vous donc !
Olga Tsarevna donna son accord, l'aigle l'épousa, la saisit dans ses serres et l'emmena dans son royaume.

Une année passa, et Ivan Tsarévitch dit à sa petite sœur :
- Allons nous promener dans le jardin vert !
Ils ne se promenèrent pas longtemps : de nouveau apparurent les nuages, le vent et les éclairs.
- Petite sœur, rentrons à la maison !
Ils rentrèrent, n'eurent pas le temps de s'asseoir et retentit le tonnerre, le plafond s'ouvrit, et vola dans la pièce un corbeau, se cogna contre le sol, devint un jeune homme. Les précédents étaient déjà beaux garçons, mais celui-là était encore mieux. Il dit :
- Bonjour, Ivan Tsarévitch ! Je venais en hôte, j'arrive en quémandeur : donne-moi en mariage ta sœur, Anna Tsarevna.
- Si elle veut de toi, je ne la retiens pas. Mariez-vous donc !
Anna Tsarevna l'épousa, et il l'emportant dans son royaume.

Ivan Tsarevitch se retrouva seul, il passa une année entière sans ses sœurs, et commença à s'ennuyer :
- Je m'en vais, dit-il, voir mes sœurs, où elles habitent, comment elles vivent.
Il se mit en route, chemina longtemps et arriva sur un champ de bataille, où une armée avait été décimée.

Il demanda :
-S'il y a âme qui vive ici, qu'on me réponde ! Qui a donc massacré cette grande armée ?
Il restait un homme vivant qui lui répondit :
- C'est Maria Morevna, beauté altière, qui a battu notre valeureuse armée !
Ivan Tsarévitch poursuivit sa route, et à l'orée d'un bois, vit des tentes blanches tressées, d'or parées. Sortit de l'une d'elles Maria Morevna, beauté altière, et vint à sa rencontre :
- Bonjour, Tsarévitch, quel vent t'amène par ici ? Est-ce de bon vouloir ou sous la contrainte ?
- Les jeunes vaillants sous la contrainte ne vont pas !
- Puisque seule ta volonté te mène, viens donc te reposer sous mes tentes.

Le tsarévitch accepta avec joie. Il passa deux nuits dans les tentes, tomba amoureux de Maria Morevna et l'épousa. Maria Morevna, beauté altière, l'emporta dans son royaume.

Ils vécurent ensemble un certain temps, et le royaume entra en guerre. Maria Morevna dût partir, et elle laissa les clés du domaine à Ivan Tsarévitch, lui disant :
- Va partout, surveille tout. Mais de cette petite pièce n'ouvre jamais la porte, n'y jette même pas un œil !
Il ne put résister : à peine Maria Morevna partie, il se rua vers la petite pièce, ouvrit la porte, et regarda. Ici était gardé Kochtcheï-L'immortel, attaché par douze chaines.
Kochtcheï-L'immortel demanda à Ivan Tsarévitch :
- Aie pitié de moi, donne-moi à boire ! En dix ans que j'ai passés ici à me torturer, je n'ai rien bu, je n'ai rien mangé : ma gorge est complètement sèche !

Le Tsarévitch lui apporta un seau d'eau. Kochtcheï-L'immortel le but et demanda à nouveau :
- Un seul seau ne me suffit pas, donne m'en un autre !
Le Tsarévitch apporta un autre seau. Kochtcheï-L'immortel le but et en demanda un troisième.
A peine avait-il terminé le troisième seau qu'il retrouva sa force d'antan. Il secoua ses chaines et instantanément les douze se brisèrent.
- Merci, Ivan Tsarévitch ! Dit Kochtcheï-L'immortel. Désormais, tu ne reverras plus jamais Maria Morevna !
Dans un terrible tourbillon, il s'envola par la fenêtre. Il rattrapa en chemin Maria Morevna, beauté altière, la saisit et l'emporta avec lui.

Ivan Tsarévitch pleura et pleura. Il se prépara et se mit en route.
-Quoi qu'il m'en coûte, je retrouverai Maria Morevna !

Passa un jour, puis un autre. A l'aube du troisième jour, Ivan Tsarévitch vit un palais merveilleux. Devant le palais, un chêne se dressait, et dans le chêne un faucon était perché.
Le faucon s'envola du chêne, vint frapper le sol, devint un beau jeune homme et s'écria :
- Ah, mon cher beau-frère ! Comment le Seigneur te fait-il grâce ?
Maria Tsarevna accourut, se jeta au cou de son frère, le questionna sur sa santé, lui demanda de lui parler de sa vie.

Le Tsarévitch passa chez eux trois jours et dit :
- Je ne peux pas rester chez vous plus longtemps, je pars retrouver ma femme, Maria Morevna, beauté altière.
- Il te sera difficile de la trouver, répondit le faucon. Laisse ici ta cuillère d'argent au cas où, nous la regarderons et ainsi nous souviendrons de toi.
Ivan Tsarévitch laissa chez le faucon sa cuillère d'argent et se remit en route.

Passa un jour, puis un autre. A l'aube du troisième jour, Ivan Tsarévitch vit un palais plus merveilleux encore que le premier. Devant le palais, un chêne se dressait et dans le chêne, un aigle était perché. L'aigle s'envola du chêne, vint frapper le sol, devint un beau jeune homme et s'écria :
- Réveille-toi, Olga Tsarevna ! Notre cher frère est arrivé !
Olga Tsarevna couru immédiatement à sa rencontre, se jeta à son cou, le questionna sur sa santé, lui demanda de lui parler de sa vie.

Le Tsarévitch passa chez eux trois jours et dit :
- Je ne peux pas rester chez vous plus longtemps, je pars retrouver ma femme, Maria Morevna, beauté altière.
L'aigle répondit :
- Il te sera difficile de la trouver, répondit l'aigle. Laisse ici ta fourchette en argent au cas où, nous la regarderons et ainsi nous souviendrons de toi.
Ivan Tsarévitch laissa chez l'aigle sa fourchette en argent et se remit en route.

Passa un jour, puis un autre. A l'aube du troisième jour, Ivan Tsarévitch vit un palais plus merveilleux encore que les deux premiers. Devant le palais, un chêne se dressait, et dans le chêne un corbeau était perché. Le corbeau s'envola du chêne, vint frapper le sol, devint un beau jeune homme et s'écria :
- Anna Tsarevna ! Sors vite, notre frère est arrivé !
Anna Tsarevna couru à sa rencontre, se jeta à son cou, le questionna sur sa santé, lui demanda de lui parler de sa vie.

Le Tsarévitch passa chez eux trois jours et dit :
- Adieu ! Je pars retrouver ma femme, Maria Morevna, beauté altière.
Le corbeau répondit :
- Il te sera difficile de la trouver, répondit le corbeau. Laisse ici ta tabatière en argent au cas où, nous la regarderons et ainsi nous souviendrons de toi.
Ivan Tsarévitch laissa chez le corbeau sa tabatière en argent et se remit en route.

Passa un jour, puis un autre. A l'aube du troisième jour, Ivan Tsarévitch retrouva Maria Morevna. Quand elle aperçu son cher et tendre, elle se jeta à son cou en pleurant et dit :
- Ah, Ivan Tsarévitch ! Pourquoi ne m'as-tu pas écouté ? Tu as regardé dans la pièce et libéré Kochtcheï-L'immortel !
- Pardonne-moi, Maria Morevna ! Ne parlons plus du passé, partons avant que Kochtcheï-L'immortel ne nous voit, peut-être ne nous rattrapera-t-il pas !

Sur ce, ils s'en allèrent. Kochtcheï-L'immortel était à la chasse, et quand il rentra chez lui le soir, son bon cheval trébucha :
- Qu'as-tu à broncher vieille carne ? Sens-tu quelque méfait qui se trame ?
- Ivan Tsarévitch est venu, et a emmené Maria Morevna.
- Et est-ce qu'on peut les rattraper ?
- On pourrait semer le blé, attendre qu'il pousse, le récolter, le moudre en farine, cuire cinq fournées de pain avec et les manger jusqu'au dernier, qu'on serait encore à temps !
Kochtcheï galopa, et rattrapa Ivan Tsarévitch.
- Bon, dit-il, pour la première fois je te pardonne, pour ta bonté, car tu m'as donné de l'eau à volonté. La seconde fois je te pardonnerai, mais la troisième, souviens-t'en, je te couperai en petits morceaux !
Il saisit Maria Morevna et l'emporta.

Ivan Tsarévitch s'assit sur une pierre et pleura. Il pleura, pleura, et fit demi-tour pour de nouveau aller chercher Maria Morevna.
Kochtcheï-L'immortel, de nouveau, n'était pas à la maison.
- Partons, Maria Morevna !
- Ah, Ivan Tsarévitch, il nous rattrapera !
- Puisse-t-il nous rattraper, nous aurons malgré tout passé un moment ensemble !

Sur ce, ils s'en allèrent. Kochtcheï-L'immortel était à la chasse, et quand il rentra chez lui le soir, son bon cheval trébucha :
- Qu'as-tu à broncher vieille carne ? Sens-tu quelque méfait qui se trame ?
- Ivan Tsarévitch est venu, et a emmené Maria Morevna.
- Et est-ce qu'on peut les rattraper ?
- On pourrait semer l'orge, attendre qu'elle pousse, la moissonner, brasser la bière, en boire tout son saoul et dormir là-dessus, qu'à notre réveil il serait encore temps !
Kochtcheï galopa, et rattrapa Ivan Tsarévitch.
- Je t'ai déjà dit, que tu ne reverrais jamais Maria Morevna !
Il saisit Maria Morevna et l'emporta.

Ivan Tsarévitch resta seul, il pleura et pleura, et fit demi-tour et de nouveau partit chercher Maria Morevna. Kochtcheï-L'immortel, de nouveau, n'était pas à la maison.
- Partons, Maria Morevna !
- Ah, Ivan Tsarévitch, il nous rattrapera et cette fois, il te coupera en morceaux !
- Puisse-t-il me découper en morceaux, sans toi je ne saurais vivre !

Sur ce, ils s'en allèrent. Kochtcheï-L'immortel rentra chez lui le soir, son bon cheval trébucha :
- Qu'as-tu à broncher ? Sens-tu quelque méfait qui se trame ?
- Ivan Tsarévitch est venu, et a emmené Maria Morevna.Kochtcheï galopa, et rattrapa Ivan Tsarévitch ; il le coupa en petits morceaux et le mit dans un tonneau goudronné, de fer cerclé, le jeta à la mer, et emporta Maria Morevna.

A ce moment même, chez les beaux-frères d'Ivan Tsarévitch, l'argent noircit.
- Ah, dirent-ils, un malheur est arrivé à Ivan Tsarévitch !
L'aigle se rua vers la mer, trouva le tonneau et l'emporta sur la berge. Le faucon partit chercher l'eau vive, et le corbeau l'eau morte. Une fois de retour, ils ouvrirent le tonneau, sortirent les morceaux d'Ivan Tsarévitch, les lavèrent, les arrangèrent comme il convient. Le corbeau l'aspergea d'eau morte, et les morceaux se ressoudèrent ; le faucon l'aspergea d'eau vive, et Ivan revint à la vie, se leva, et dit :
- Ah, comme j'ai dormi longtemps !
- Et tu aurais dormi encore plus longtemps, si nous n'avions pas été là ! Viens chez nous maintenant, te reposer.
- Non mes frères ! Je vais chercher Maria Morevna !

Il retrouva Maria Morevna, et lui demanda :
- Tâche de savoir où Kochtcheï-L'immortel s'est procuré son cheval !
Maria Morevna attendit le moment adéquat, et demanda.

- A vingt-neuf pays d'ici, dans le trentième royaume, par-delà un fleuve de feu, vit Baba-Yaga. Elle possède une jument qui, chaque jour, vole autour du monde. Elle a beaucoup d'autres excellentes poulinières ; je les ai gardées pendant trois jours et n'en ai pas perdu une seule. En récompense, Baba-Yaga m'a donné un poulain.
- Et comment as-tu traversé le fleuve de feu ?
- J'ai un foulard magique- par trois fois à droite on l'agite et un pont s'élève, si haut que les flammes ne peuvent l'atteindre !
Maria Morevna répéta tout ce qu'elle savait à Ivan Tsarévitch, vola le foulard et le lui donna.

Ivan Tsarévitch traversa le fleuve de feu et partit à la recherche de Baba-Yaga. Il voyagea longtemps, sans rien manger, sans rien boire. En chemin, il rencontra un oiseau des îles. Il se dit :
- Je vais manger un de ses petits...
- Ne touche pas à mes petits, dit l'oiseau des îles. Dans quelques temps, je te serai très utile.

Ivan Tsarévitch continua sa route, et vit des abeilles voler.
- Je vais manger un peu de miel...
- Ne touche pas mon miel, dit la reine des abeilles. Dans quelques temps, je te serai très utile.

Il n'y toucha pas, et continua sa route. Il rencontra une ourse avec son ourson :
- Je vais manger cet ourson, j'ai tellement faim !
- N'y touche pas, Ivan Tsarévitch, dit l'ourse. Dans quelques temps, je te serai très utile.

Il resta donc affamé, marcha, marcha, et trouva la maison de Baba-Yaga, une maison ronde avec douze piquets, et sur onze de ces piquets une tête coupée.
- Bonjour, Babouchka !
- Bonjour, Ivan Tsarévitch ! Pourquoi es-tu venu ? Est-ce de bon vouloir, ou par besoin ?
- De plein gré je viens te servir, gagner le poulain dont j'ai besoin.
- Très bien, Tsarévitch ! Chez moi le service n'est pas d'un an mais de trois jours : si tu gardes mes juments, je te donnerai un poulain. Mais si tu en égares une seule, ta tête ira sur le douzième piquet.

Ivan Tsarévitch accepta, Baba-Yaga le nourrit, l'abreuva, et l'envoya faire paître ses juments.
A peine lâchées dans les prés, les juments s'y dispersèrent, sans qu'il soit possible de les rassembler. Ivan Tsarévitch pleura, pleura, s'assit sur un pierre et s'endormit.
Le soleil déclinait déjà, quand arriva l'oiseau des îles, qui le réveilla :
- Lève-toi Ivan Tsarévitch ! Les juments sont déjà à l'écurie !
Le Tsarévitch se leva et rentra à la maison. Baba-Yaga criait sur ses juments :
- Pourquoi êtes-vous revenues ?
- Comment ne pas revenir ? Des oiseaux du monde entier sont venus, et de leur bec nous ont presque crevé les yeux !
- Bon. Mais demain de courez pas seulement dans les champs, dispersez-vous dans la forêt obscure.

La nuit passa. Le lendemain, Baba-Yaga avertit de nouveau Ivan Tsarévitch :
- S'il me manque une seule de mes juments, ta tête impétueuse ira sur le piquet !
Quand il mena les juments aux prés, elles se dispersèrent instantanément dans la sombre forêt.
Ivan Tsarévitch s'assit de nouveau sur une pierre, pleura, pleura, et enfin s'endormit.
Au coucher du soleil, l'ourse vint le réveiller :
- Lève-toi, Yvan Tsarévitch, les juments sont rassemblées !
Ivan Tsarévitch se leva et rentra à la maison. Baba-Yaga, plus fort encore que la veille, criait sur ses juments :
- Pourquoi êtes-vous rentrées ?
- Comment ne pas rentrer ? Des bêtes sauvages sont venues du monde entier, et nous ont presque dévorées !
- Bon. Mais demain vous irez plonger dans la mer.

La nuit passa, et le lendemain matin Baba-Yaga envoya Ivan Tsarévitch faire paître les juments.
- Si tu échoues, ta tête impétueuse se retrouvera sur le piquet !
Il mena les juments au pré. Elles se dispersèrent instantanément, fermèrent les yeux et coururent vers la mer. Elles se baignèrent dans l'eau jusqu'au cou.
Ivan Tsarévitch s'assit sur une pierre, pleura, et s'endormit. Le soleil se couchait au-delà de la forêt, quand arriva une abeille qui lui dit :
- Lève-toi, Tsarévitch ! Les juments sont toutes rassemblées. Rentre à la maison, ne te montre pas à Baba-Yaga, va à l'écurie et cache-toi ! Là-bas, il y a un poulain chétif : prends-le et à minuit, dans la nuit noire, quitte la maison.

Ivan Tsarévitch se leva, se rendit à l'écurie et s'y cacha. Baba-Yaga cria sur ses juments :
- Pourquoi êtes-vous rentrées ?
- Comment ne pas rentrer ? Des abeilles du monde entier sont venues et de tous bords, nous ont piquées jusqu'au sang !
Baba-Yaga s'endormit, et à minuit sonnant Ivan Tsarévitch s'empara du poulain chétif, le sella et galopa jusqu'au fleuve de feu. Il agita trois fois le foulard à droite, et un pont s'érigea. Il traversa le fleuve, et une fois de l'autre coté agita deux fois le foulard à gauche. Le pont demeura, mais fin, si fin !

Au matin, Baba-Yaga s'aperçut de l'absence du poulain chétif. Elle se lança à la poursuite du Tsarévitch, de toutes ses forces dans un mortier de fer trottant, effaçant ses traces avec un balais. Elle arriva au fleuve de feu et pensa "ce pont tombe à pic !" Mais quand elle arriva au milieu, le pont si fin céda sous son poids, Baba-Yaga tomba dans le fleuve de feu, et ainsi mourût-elle.

Ivan Tsarévitch fit paître son poulain dans des prés verdoyants, et le poulain chétif se transforma en cheval merveilleux. Le Tsarévitch se rendit auprès de Maria Morevna. Le voyant, elle couru et se jeta à son cou :
- Comment peux-tu être de nouveau vivant ?
- C'est comme ça ! répondit-il. Pars avec moi !
- J'ai peur Ivan Tsarévitch ! Si Kochtcheï-L'immortel nous rattrape, tu seras de nouveau réduit en morceaux !
- Non, il ne nous rattrapera pas ! Désormais, j'ai un cheval de Bogatyr, il vole comme un oiseau.
Ils montèrent sur le cheval et s'en allèrent.

Kochtcheï-L'immortel rentrait chez lui, quand son bon cheval trébucha :
- Qu'as-tu à broncher vieille carne ? Sens-tu quelque méfait qui se trame ?
- Ivan Tsarévitch est venu, et a emmené Maria Morevna.
- Et est-ce qu'on peut les rattraper ?
- Dieu seul le sait ! Désormais, Ivan Tsarévitch a un cheval de Bogatyr meilleur que moi.
- Non, je ne me retiendrai pas, dit Kochtcheï-L'immortel, et il partit à leur poursuite.

Il galopa longtemps, et finalement rattrapa Ivan Tsarévitch, sauta à terre et voulu le battre avec son arme tranchante. Mais bien à temps, le cheval d'Ivan Tsarévitch prit son élan et frappa Kochtcheï-L'immortel à la tête d'un coup de sabot, et Ivan Tsarévitch ajouta un coup de bâton.
Après cela, Ivan Tsarévitch rassembla beaucoup de bois, alluma un feu, brûla Kochtcheï-L'immortel et répandit ses cendres au vent.
Maria Morevna monta sur le cheval de Kochtcheï-L'immortel, Ivan Tsarevitch sur le sien, et ils allèrent rendre visite d'abord au corbeau, puis à l'aigle, et enfin au faucon. Partout où ils se rendirent, on les accueillit chaleureusement :
- Ah, Ivan Tsarévitch, nous n'espérions plus te revoir ! Mais tes efforts n'ont pas été vains : une beauté telle que celle de Maria Morevna, il n'en existe qu'une seule dans le monde !

Après avoir festoyé, Ivan Tsarévitch et Maria Morevna rentrèrent dans leur royaume. Ils y vécurent paisiblement, aisément et en bonne santé.

samedi 27 février 2010

День искусства

Ou "le jour de l'art". Le jour où Saskia, soucieuse du développement de ma sensibilité artistique, m'a emmenée à un "centre d'art contemporain". Mais commençons par le commencement.

En fait, avant l'art contemporain, on est passées au Bolshoï Teatr pour acheter des places pour un ballet, dont on savait qu'il n'en restait plus. Il n'en restait plus à la caisse. Mais on espérait secrètement qu'il en resterait dans la poche des 4 gars louches qui vendent des billets au noir juste devant la porte. Donc on est arrivées, on a constaté que les caisses étaient fermées pour cause de pause déjeuner, on a fait semblant de lire le programme pendant 15 bonnes minutes en se demandant à quel moment on allait oser aller causer aux gars louches qui buvaient leurs bières à 3 mètres de nous. Après maintes hésitations, on s'est défilées, en se disant qu'on reviendrait demain (parce qu'en faisant semblant d'attendre on a finalement lu le programme et ça nous a donné envie d'aller voir le ballet qui se donnera demain soir. Bref).

Après cet échec évident, on a pris la direction de Kurskaïa pour, donc, aller visiter une expositions des "meilleures photos de la Russie de 2009" (ça a l'air cool comme ça hein ? moi aussi ça me l'a fait ;)).
L'ennui, c'est que Saskia ne se souvenait pas exactement où se trouvait le fameux "Vinzavod", Centre d'art contemporain. Pas exactement, c'est un euphémisme, vous aurez compris.
On est sorties en pleine "Gare de Koursk", et là elle a essayé de nous mener à bon port :
- D'après mes souvenirs, c'est par là.
- Ok, mais là c'est le quai de la gare, et à la fin du quai, et ben il y a plus de quai...
- Tais-toi et suis-moi.
Donc on a marché le long du quai, jusqu'à ce qu'il n'y ai plus de quai, après on a marché dans la neige, on a traversé les rails, on a contourné un train, on a marché le long du train en cherchant un moyen de sortir de cette maudite gare, là on a vu deux gars très louches accroupis dans la neige qui nous ont fait :
- Ей, девчoнки !

Là on a pigé qu'il n'y avait pas de sortie de ce côté là, alors on a fait demi-tour, on est repassées devant les gars très louches, on a re-longé cet interminable train, on a grimpé à une échelle en bois très louche elle aussi pour enfin se retrouver sur le quai.
Mais pas le bon quai. Là on a capté qu'on était sur le quai des trains qui arrivent. L'endroit dont tu sors pas si t'as pas un billet de train à mettre dans la machine.
Youpi.
Après une courte minute de réflexion (ou plutôt un minuscule moment de panique), on s'est décidées à aller parlementer avec les militsionieri, ou les 3 gars en uniforme à moitié soûls accoudés aux fameux tourniquets de sortie.
Après quelques "Vous venez d'où les filles ?... et c'est quoi ton petit nom ?", ils ont fini par nous laisser sortir. Et là on s'est retrouvées devant l'entrée du métro, là où on était déjà une demi-heure auparavant, sans être plus avancées sur la question de "où est-ce qu'on va ?".

Un petit coup d'œil à la faune locale...... et on était reparties (vite. très vite^^)

Finalement, le fameux Vinzavod était à 3 rues de là.

Une fois à l'intérieur, on a retrouvé le coloc' de Saskia, qui nous attendait depuis une bonne demi-heure donc. On a donné nos manteaux, et on a attaqué... dans la salle principale, des gens très concentrés restant plantés devant une photo de linge qui sèche en se gratouillant le menton, des couples se promenant comme dans un parc en se baisouillant bruyamment tous les 2 mètres, des enfants qui courent partout (et leurs mères qui leur courent après :))...

(les nanas sous la pluie/concours de t-shirts mouillés, c'est un exemple des photos qu'on a vu)

Les conclusions du jour sont donc :
-l'art contemporain, c'est pas ma tasse de thé (je le pressentais déjà un peu^^)
-la gare de Koursk, c'est un coin mal famé^^

(le titre de l'article, c'est parce que je vais à ce genre de truc à peu près une fois par an. Il me faut bien ce temps là pour me remettre de mes émotions (et de mon mal aux pieds^^))

samedi 20 février 2010

Un sondage

Tout a commencé le jour où Ivan a été un petit copain indigne : il a laissé tomber sa blonde pour aller donner un cours de français à une autre meuf. Bon, soit.
Alors Valéria et moi on a décidé de tuer le temps en allant au centre commercial (en fait, Ivan avait tout manigancé : partant du présupposé (ou préjugé) selon lequel un centre commercial peut occuper des filles toute une après-midi, il s'est dit qu'en nous y laissant il aurait tout le temps de faire ses petites affaires de son coté. Goujat.)

On a donc pris la direction du centre commercial (vent cinglant et neige tournoyante nous accompagnant) et en chemin, dans une ruelle mal famée, on a rencontré (ou plutôt "on a été happées par")... des babouchkas.

Des babouchkas qui voulaient absolument nous faire participer à un sondage, moyennant un cadeau. Appâtées par le cadeau, on les a suivies dans un bâtiment adjacent.

Plus exactement, dans l'entrée d'un bâtiment. Parce que les babouchkas, c'était le "pré-sondage". Vous allez comprendre :
- Vous avez quel âge ?
- 22 ans.
- Seulement 22 ? Ça ne va pas... dites 25, ça sera mieux !
Vous êtes à Moscou depuis combien de temps ?
- 6 mois.
- Non, 6 mois ça se suffira pas... dites que ça fait plus d'un an.
(...)
-Et quelle marque thé vous achetez le plus souvent ?
-G********d.
- Oui, celle-là vous la connaissez aussi, mais celle que vous achetez toujours c'est M*****й !

Véridique.

Après avoir passé en revue toutes les questions (et les réponses) du test, j'étais prête à y aller.
Petite répétition avant d'entrer dans l'arène :
- Vous avez quel âge ?
- 25, j'ai compris !

A l'intérieur du bâtiment, les babouchkas de la rue m'ont abandonnée aux mains d'une autre babouchka, qui m'a posé les mêmes questions que les précédentes. Heureusement j'étais bien préparée^^ Elle a quand même essayé de me feinter :
-C'est quoi votre année de naissance ?
*petit moment de réflexion*

(une chance que j'ai fait S au lycée hein^^)

Après ça, les premières babouchkas m'ont rattrapée, elles m'ont fait remplir une fiche "personnelle" de répondant. Enfin plus exactement une cochait les cases elle-même pendant que l'autre m'apportait un thé et me pressait de le goûter alors qu'il était encore tout fumant.

Enfin on nous a donné le cadeau promis, c'est peut-être le seul truc pour lequel ils se sont pas foutus de nous^^ :

Un gâteau au chocolat ! De bonne marque, qui plus est.
Pour nous assoiffer et nous faire acheter leur thé, sans doute.


PS : Bon, effectivement, on a jamais vraiment su où était Ivan pendant tout ce temps. Soi-disant en train de donner un cours à un mec pendant qu'on gagnait le pain (enfin dans ce cas le gâteau) quotidien :))

dimanche 14 février 2010

Масленица

La Maslenitsa, c'est un peu notre Mardi-Gras, mais à la russe. Une fête à la fois religieuse (la dernière semaine avant le carême, alors les gens se goinfrent, il faut les comprendre) et païenne : là c'est pour célébrer la fin de l'hiver.

C'est donc en prenant tout notre courage avec nous qu'on est allées fêter la Maslenitsa sur la Place Rouge, sous une neige battante et bravant un vent glacial :)
Là-bas point de cerisiers en fleurs, mais une patinoire géante (plus adaptée aux températures de la "fin de l'hiver" russe^^)


Un compteur des jours, heures, minutes, secondes avant le lancement des JO de Sotshi en 2014 (je crois qu'ils ont hâte^^)


Bon, la cathédrale, la tour du Kremlin, le ГУМ, tout ça ça y était déjà^^


Et là, bien planqués derrière la cathédrale, les festoyeurs :) On a fait la queue, on est passées dans les détecteurs de métaux, on a laissé le gros vigile fouiller nos sacs... ouf, impossibles à suspecter de quoi que ce soit, on a pu entrer (enfin entrer... c'était à l'extérieur quand même. Mais disons qu'on a pu accéder au marchand de crêpes^^)


A "l'intérieur" donc, des stands de blinis, de kvas et de medovukha, des gens en costumes traditionnels qui vendent des poupées de Maslenitsa, des chanteurs sur la scène et des gens qui dansent pour ne pas geler ! (je rappelle qu'on fête la fin de l'hiver, même si ça se voit pas vraiment sur les photos :))


Nous par contre on était bien gelées. Alors, comble de la classe internationale, on est allées se réfugier au GUM et y faire notre petit shopping...

vendredi 29 janvier 2010

Froidure


Le froid, ça gèle l'inspiration.

Avant, mon "entre-deux-fenêtres", c'était mon frigo (ceci afin d'éviter qu'on me vole mon fromage fermier dans le frigo d'étage pour la 4ème fois). Jusqu'au beau jour où mes pelmenis ont gelé dans leur tupper-ware. Ce jour là l'entre-deux-fenêtres est devenu mon congélo, et le rebord de fenêtre intérieur mon frigo.
En fait, depuis que les babouchkas de l'obshegitie ont décidé d'isoler toutes les fenêtres du bâtiment sauf celles de chez moi, je vis dans une chambre froide.
Je laisse les rideaux fermés pour couper le vent glacial qui me vient dans la face quand je suis à mon bureau. Je prends des douches brûlantes pour redonner de la couleur à mes mains et mes pieds. Je mange plein de chocolat russe parce que de lutter contre le froid, ça demande de l'énergie.

Dire que j'ai quitté il y a peu une chambre mieux chauffée chez "la Olga" et sa babouchka de 90 ans. Un endroit charmant, avec même un joli petit chien (qui a failli m'arracher un bras dès le premier soir, quand j'ai essayé de le virer (sans grand ménagement il faut l'avouer) de mon lit).
A croire que de vivre avec de jeunes saoulons me manquait.

Ce qui était cool avec l'expérience "babouchkas", c'est que chez elles j'ai bien progressé en russe. Maintenant je ne confonds plus бухгалтер et бюстгальтер, soient les mots qui signifient respectivement "comptable" et "soutien-gorge". Je sens que mon esprit s'élève (ou pas^^).

Donc me voilà de retour parmi les québécois, les anglaises toujours aussi poufs (celle qui a aménagé au-dessus de chez moi doit bien peser 100 kg même si elle ne paraît pas, rien qu'au bruit de ses pas si légers...) et les babouchkas qui rentrent sans frapper pour te prendre tes draps alors que tu dors encore dedans.

Là-dessus, à bientôt quand j'aurai des trucs plus intéressants à raconter que la chronique de mes orteils gelés.