Hier, on a repris les school bus jaunes du BAA, pour une petite virée dans le plus grand centre de jeux d'hiver en Amérique, rien que ça.
A l'arrivée on a compris : une grande station de ski, mais sans skis, à la place... des bouées !
Et oui, c'est comme ça par ici. Alors après avoir tassé nos 4 sacs dans un seul casier (et galéré pour le fermer^^), on a tous attrapé une bouée, et on a pris... le remonte-pente !
Parfaitement, un remonte-pente à base de bouées lui-aussi. En fait c'est comme un tire-fesses, sauf que là ce sont des petites bouées qui passent et il faut sauter dedans en marche. Bon, forcément, il faut un peu viser hein, histoire de pas poser ses fesses
à-coté de la bouée, mais on a vite pris le coup^^

Et pendant que tu te fais oisivement trainer sur ta bouée (c'est vrai quoi, je me sentais un peu comme les humanoïdes impotents nourris à la paille dans Wall-e^^), tu gardes en main la lanière de ta première bouée (vous suivez ?) qui te suit gentiment, et qui va t'accompagner pour ainsi dire un peu partout.
Et, immanquablement, sur les pistes.
C'est là que les ennuis ont commencé en fait. Parce que la petite remontée en transport en commun, c'est marrant, et ça a l'air innocent comme tout.
Mais une fois que t'es monté, au bout d'un moment, il faut redescendre.
J'ai jeté un œil à la piste. Et là, j'ai compris ce qu'on était venus faire ici. Des glissades.
Mais pas la descente des rues de Dauphin en sac surgelés. Ni même celle de la route du col de l'Izoard en luge sans freins. Non, de vrais glissades, sur de vraies pistes, où on va vraiment vite.
Première descente donc : on était 6, on a accroché toutes nos bouées ensemble. A peine le temps de dire un "je veux pas y alleeer !!" qu'on était déjà partis.
La première chose à laquelle j'ai pensé (non, en fait la deuxième, parce que la première c'était "on va tous mourir"), c'est que la dernière fois que j'ai eu ce genre de sensations, c'était le jour où Chacho m'a obligée à faire des montagnes russes.
On était donc en Russie (bah oui, je suis logique moi hein^^), à Moscou, dans le Gorki Park le long de la Moskova. Un beau parc d'attractions soviétique où les dites attractions semblaient dater de l'
ère paléoprotérozoïque.
Elle avait donc opté pour le "Silver Mine" comme instrument de torture.

C'est là-dessus que j'ai connu pour la première fois cette sensation à la fois qu'on vous assomme et que la Terre se dérobe sous vos pieds. Et vos fesses.
Après cette visite en enfer, je me suis dit
plus jamais.
C'est aussi ce que je me suis dit en bas de cette première descente. Sauf que maintenant qu'on était là, c'était quand même assez mal barré pour moi^^
Surtout que j'étais loin d'être au bout de mes surprises : mes amis casses-cou, ils avaient commencé "cool". Par une piste noire.
Sauf qu'au pays des bouées, la piste noire, c'est pour les mémés, les femmes enceintes, et les moins d'1,32 m. (véridique^^)
On a repris le trimballe-humanoïdes, puis un autre. Et on s'est dirigés vers la piste nommée
L'Himalaya.
Et bien nommée. On a ré-attaché nos petites bouées ensembles (et heureusement, sinon j'y serais jamais allée^^), et on s'est lancés sur une piste environ 3 fois plus raide que la première, et aussi beaucoup plus longue, de sorte que quand je me disais "c'est bon, c'est fini", et ben ça repartais de plus belle, parce que cette piste semblait ne pas avoir de fin. Elle en avait bien une en fait, mais ça je ne pouvais pas le savoir, vu que de toute façon, j'ai pas osé ouvrir les yeux depuis le moment où j'ai senti notre petite embarcation basculer dans le précipice, jusqu'à celui où on a été totalement arrêtés.

Là, j'ai jamais été aussi contente de faire une pause sur le trimballe-humanoïdes.
Ça m'a permis de souffler, et de reprendre mes esprits, parce que la prochaine réjouissance, c'était le rafting sur neige. Comme son nom l'indique, un bateau de rafting, mais lâché sur une piste de ski bien raide avec plein de bosses. *joie*

Donc là, j'étais toujours pas convaincue^^
Non, ce qui a commencé à me détendre en fait (et très bizarrement^^), ça a été
la tornade.
Toujours une sorte de bateau, mais rond cette fois. Et qui tourne dans la descente. (on a jugé plus prudent de le faire
avant de manger^^). C'est peut-être la première descente que j'ai faite les yeux ouverts. Ce qui est sûr, c'est que c'est la première où j'ai trouvé ça cool.
Après un rapide repas à
La taverne des chevaliers (et une photo avec une armure bien sympathique, surtout quand j'ai failli lui arracher un bras^^), on était repartis.
Et là est arrivé le moment que je redoutais depuis le début :
L'Everest. Un tremplin de 33m de haut, de 110% d'inclinaison. Le truc
de la mort.
En plus, il fallait faire la queue avec nos bouées dans un escalier en fer tout étroit, qui nous faisait grimper vers l'autel du sacrifice. En bas de l'escalier, on commençait déjà à faire des plans :
"Bon, on est 6, on a qu'à faire 3 groupes de 2"
Enfin
ils faisaient des plans, moi j'essayais tant bien que mal de contenir mon envie de jeter ma bouée par dessus la rampe, de descendre toutes les marches en courant et de m'en aller le plus loin possible dans la forêt, de trouver un coin tranquille pour pouvoir communier avec la nature en attendant que les autres aient fini de risquer leurs vies.
Au lieu de ça je suis restée là, à espérer que cette file ne finisse jamais.
Une fois rendus en haut, j'étais plus la seule à avoir peur :
"Bon heu... finalement, on peut peut-être faire 2 groupes de 3 non ?"
En ce qui me concerne, j'avais choisi mon leader (celui qui se met devant et qui, ainsi, peut vivre l'expérience sensorielle à fond^^) : Céline ! :)
On s'est donc installées en une brochette de 3 bouées dans la rampe de lancement. J'ai pas osé regarder la pente, mais Céline m'a affirmé que c'était raide^^
Le gars nous a mis une dernière pelletée de neige sur la piste pour nous faire slider encore un peu plus vite, et nous a demandé "Vous êtes prêtes ?"
Et là j'ai voulu crier "NONNN !!!".
Sauf que j'ai rien dit. La barrière s'est ouverte et là, j'ai su que les montagnes russes russes, c'était le
kindergarten à coté de ça.
En une fraction de seconde, on est passées de l'arrêt complet à
une chute dans l'espace intersidéral.
Ça a donné l'impression d'un voyage dans le temps, d'un changement de dimension,
d'un transplanage.
Heureusement, toutes les bonnes choses ont une fin^^
Et là je peux le dire haut et fort : PLUS JAMAIS !!
(cela dit je suis contente de l'avoir fait)Après ça, toutes les descentes m'ont paru beaucoup plus agréables ! Je me suis même bien amusée, et j'ai enfin pu contempler les beaux paysages qu'on voit en descendant l'
Himalaya.
Il commençait à faire moche juste quand c'était l'heure de rentrer, donc pas trop de regrets. On a un peu lutté pour ressortir nos sacs du casier, mais les cookies étaient indemnes (assez miraculeusement d'ailleurs^^).
Le retour en bus a été exceptionnellement calme. Parce qu'on a eu beau se faire remorquer comme de gros flasques sur nos bouées, toute cette adrénaline, ça m'a tu-ée^^
Merci aux amis de m'avoir un peu poussée. J'y serais jamais allée si j'avais pas été obligée^^
Je sais pas, après tout, peut-être que j'ai juste l'instinct de survie.